M. aimait à répéter :  » il m’en a fait baver le vieux « , broderie sur tissu, 2010

La première nuit, E. installa son matelas dans le couloir, aujourd’hui E. dort dans la grande chambre.

Bien qu’elle soit de confession catholique, S. s’appliquait chaque soir à lire le Coran en vue d’une conversion future.

Un soir d’hiver, J. passa à l’improviste avec une bouteille de Bordeaux. Sept mois plus tard, il s’en allait.

Au 30, rue Quétigny se trouve un appartement où j’ai vécu. Pendant un temps il s’est transformé en “maison ouverteˮ, des gens de passage l’habitaient et le faisaient vivre. Le “30ˮ se situe dans une banlieue nord de la région parisienne.

30 rue Quétigny présente des souvenirs, apparemment intimes, de l’artiste. Fragments du passé, ils sont, ici, ravivés. Une odeur singulière rappelle un être cher, une musique évoque un moment précis, un endroit fait renaître une conversation que l’on a pu avoir. Ces petits bouts de mémoire semblent personnels, liés à l’histoire de chacun, mais en étant partagés, ces souvenirs individuels se transforment, parfois, en souvenirs collectifs. Pour l’artiste, ces portraits brodés universels interrogent les notions d’identité vécue et d’identité fantasmée.

Suite à ces mots : « Ma fille tu n’es qu’une salope » S. quitta le domicile familial et s’installa au 30.

Y. ramassait la ferraille. Un jour de novembre on enflamma son mobil home, il fuit le terrain vague et se réfugia au 30.

30, rue Quétigny a été présenté lors de l’exposition Quartier Sensible à l’Espace Belleville et lors de Poulpisme à la galerie Schleicher+Lange en 2010.